La victoire d'une Mercedes aux 24 heures de Spa Francorchamps près d'un demi siècle après un premier (et unique - dans la version "moderne" de ces 24 h - jusqu'à avant hier) succès m'amène à replonger dans "mes" archives pour remonter le temps ...
Contrairement à, par exemple, BMW, présent quasiment en continu depuis 1964, année de la « naissance » des 24 heures de Spa Francorchamps « modernes » , Mercedes a nettement plus espacé ses apparitions dans cette épreuve.
Et pourtant, tout avait bien commencé puisque en 1964, lors de la toute première édition des 24 heures époque « voitures de tourisme », la marque à l’étoile alignait une équipe forte de trois 300 SE, des berlines certes un peu balourdes selon les critères actuels mais équipées de moteurs 3.0 litres, soit la cylindrée maximum autorisée cette année la et faisant +/- 200 CV. De mauvaises langues diront d’ailleurs que ce plafonnement de la cylindrée arrangea bien Mercedes puisque empêchant les Jaguar et les Ford Mustang, plus fortement « cubées » et habituelles grandes animatrices des épreuves « saloon-cars » à cette époque, d’être présentes …
En 1964, le départ est du type "Le Mans" avec les pilotes traversant la piste pour rejoindre leur bolide ... L'histoire retiendra que c'est une ... DS ... et son pilote... qui réussiront le départ le plus rapideEn course, Mercedes dut toutefois faire face à des BMW 1800 Ti et à des Ford Cortina (dont une pilotée par un tout jeune espoir belge de 19 ans et du nom de Jacky Ickx…) particulièrement véloces, agiles et agressives malgré des moteurs de respectivement … 1800 et 1600 cc et rendant jusqu’à plus de 50 CV aux grosses berlines allemandes. Ces dernières ne furent pas non plus épargnées par les pépins techniques : deux d’entre elles furent ainsi éliminées dont une sur disqualification pour avoir reçu, lors d’une intervention technique, l’apport de pièces de rechange non stockées dans les stands … La 3e s’imposa toutefois, en outre pilotée par deux Belges : Crevits et Gosselin et après avoir accompli un peu moins de 4000 kilomètres à la moyenne de 164 kms/h … soit plus vite que la dernière « Sport » (une Ferrari) à s’être imposée lors des 24 heures 1953. Une moyenne plutôt honorable pour ces voitures encore censées être très proches de leur état … « sortie …d’usine » même si toutefois réalisée sur l’ancien et rapide tracé du circuit de Francorchamps. Circuit rapide et … dangereux puisqu’un pilote de l’équipe Lancia y perdra la vie durant l’épreuve.
Les apparitions officielles de Mercedes aux 24 heures de Francorchamps ne furent toutefois pas systématiquement couronnées de succès … loin de la … Et, en effet, un peu à l’image de flops retentissants dans d’autres célèbres double tours d’horloge, Mercedes essuya un échec cuisant en 1969…
Sur le papier, tout semblait pourtant réuni pour réussir une belle démonstration de force : 3 300 SEL certes également proches de la série mais équipées de moteurs de … 6.8 litres de +/- 380 CV bien utiles dans les interminables portions rapides du circuit belge et confiées à des pilotes de renom dont un équipage constitué de la paire Ickx – Herrmann, soit réunis sur la même auto, les 2 rivaux des déjà légendaires 24 heures du Mans disputées quelques semaines auparavant …
NB: vous remarquerez que, tout comme en 1964, Mercedes ne faisait pour le moins pas dans la fantaisie côté décoration et même présentation de l'auto ... C'était il est vrai conforme à l'image de la marque à cette époque...Malgré la présence d’une nuée de Porsche 911 (à cette époque équipées de moteurs de 2.0 litres de +/- 220 CV) certes privées mais, entre 1967 et 1969, bel et bien homologuées en catégorie … Tourisme, la cote de Mercedes, qui vient rarement pour faire de la figuration, est coquette …
… Jusqu’à que commencent les premiers essais libres … En 5 tours de piste, catastrophe, les lourdes et rapides Mercedes détruisent leurs pneus, essentiellement dans les grandes courbes en appui du circuit spadois. Après de multiples essais avec des pneus de marques différentes, rien n’y fit : gommes prématurément dégradées et donc potentiellement dangereuses sur le vertigineux toboggan ardennais … La mort dans l’âme et sans doute consciente d’avoir trop négligé la tenue de tests préliminaires sur des tracés aux contraintes comparables, l’armada Mercedes doit plier bagages avant même que ne commence la course … La démonstration annoncée tournait en eau de boudin ou plutôt en jus de gomme…
Une berline du même type mais cette fois préparée et alignée par AMG connut plus de succès en terminant à la deuxième place des 24 heures 1971. Malgré encore quelques présences épisodiques dans les années 70 et 80* et, depuis l’apparition des GT SLS, plus soutenues ces dernières années quoique encore relativement discrètes, Mercedes a donc du attendre … 49 ans pour renouer avec le succès aux 24 heures de Spa Francorchamps.
Bien, bien avant l’ère Internet, les 24 heures de Spa Francorchamps disputés dans les années 60 ne bénéficiaient pas encore d’une grosse couverture médiatique et il fut longtemps difficile de trouver des articles dédiés à cette épreuve … Il y eut bien « Sport Moteurs » mais seulement à partir de la fin des années 60 et avec des reportages photos et écrits de qualité disons euh …. variable .. Jusqu’à ce que, au hasard de brocantes dans les années 90, je découvre que le magazine mensuel « Automobile » contenait un encart « Sport Mécaniques » plutôt bien fait et, pourtant français, incluant une couverture plus que convenable de l’épreuve belge, jusqu’à 12 ou 14 pages à chaque édition durant les années 60 et au début des années 70, agrémentées de classements complets, fiches techniques et de photos dont, fait encore assez rare à cette époque, quelques unes en couleur.
En 1969, après le forfait de Mercedes, Porsche signe un troisième succès consécutif. Mazda a certes bien résisté avec ses voitures à moteur rotatif. Une Chevrolet Camaro avait signé la pôle devant une BMW 2002 ... à compresseur.* En 1977, Bernard Carlier tentera vainement de qualifier une Mercedes au sein d'un peloton il est vrai très relevé (l'âge d'or des duels BMW - Ford Capri "Production")
http://www.racingsportscars.com/etcc/1977/Spa-1977-07-24-016.jpgEn 1983, une 450 SLC (pilotée entre autres par Marc Duez) sera certes qualifiée mais devra abandonner...
http://www.racingsportscars.com/etcc/1983/Spa-1983-07-31-012a.jpgEn 1985, une redoutable mais fragile Mercedes-Benz 190E 2.3-16 fut alignée par Dany Snobeck avec, encore une fois, un abandon à la clé ...
Nouvelle cascade d'abandons en 1986 pour les quelques 2.3 - 16 engagées en 1986 ...
Une voiture identique terminera enfin, 9e, en 1987 mais bien loin des reines de l'époque (entre autres les BMW M3, il est vrai nettement plus suivies par l'usine...)
En 1989, AMG engagera encore 2 volumineux coupés 500 SEC qui ne furent toutefois jamais en mesure de jouer la victoire avant d'abandonner.
Sources: outre "L'Automobile", quelques sites web dont, pour les présences Mercedes dans les années 70 et 80, ce site ...
http://www.racingsportscars.com/etcc/photo.htmlRevell a sorti une réplique de l'une des trois Mercedes alignées aux 24 heures de Spa 1964 mais, assez étonnement, pas celle s'étant imposée (la 102) mais celle ayant été ... disqualifiée (voir plus haut...)