S’inspirant du succès des épreuves CAN-AM sur le continent nord américain, au tournant des années 60 et 70, plusieurs nations européennes organisèrent elles aussi des compétitions automobiles « no limit ». L’idée d’un championnat regroupant ces épreuves au sein d’une compétition européenne germa alors et déboucha sur la création du challenge dit Intersérie en 1970.
C’est l’histoire de ces courses entre 1970 et 1975 qu’un auteur français publie dans un livre riche de résumés de ces courses, de classements et de (petits) commentaires techniques, le tout accompagné de nombreuses photos, à 70 ou 80 % en couleur.
On y découvre une compétition qui, il faut l’avouer, et à quelques courses près, ne parvint jamais vraiment à égaler sa prestigieuse cousine d’Amérique. Après des débuts encourageants et des plateaux dominés par de classiques Porsche 917 « fermées » accompagnées de quelques premières can-am en provenance des USA mais aussi et déjà de nombreux et parfois très hargneux protos 2.0 litres (une constante pour compléter les plateaux), l’Intersérie connut son âge d’or en 1972 avec un bel équilibre entre des Mc Laren, des March et autres BRM équipées de gros moteurs atmosphériques V8 de 7 à 8 litres de cylindrée pour de 600 à 700 CV, d’où une sonorité « énorme » et leur appellation de « big bangers » et des Porsche 917 spyder qui, initialement équipées de « simples » moteurs atmosphériques de 5.0 litres, furent progressivement équipées de turbo faisant bondir la puissance des bolides allemands de 600 à parfois plus de … 1000 CV.
Irrésistiblement, les moteurs turbo devaient permettre aux monstres teutons de dominer et finalement même de monopoliser le haut du peloton et des classements. A partir de 1973 et surtout 1974, la domination outrageuse des Porsche mais aussi le premier choc pétrolier et la fin des trente glorieuses devaient faire décliner cette compétition qui, en outre, se produisit de plus en plus rarement hors d’Allemagne pour, à l'exception du grand Nurburgring et d'Hockenheim, se contenter de circuits étriqués et indignes de ces monstres.
Le livre se termine avec une saison 1975 en partie sauvée par la présence de plusieurs beaux prototypes 3.0 litres en provenance du championnat du monde des Marques : Alfa Romeo 33 TT12, (tiens, encore elle ...
), Porsche 908/3, Mirage GR7, …. Pilotés en outre par quelques belles pointures de l’époque (Bell, Pescarolo, Mass, etc …).
Ce livre nous permet d’apprendre que des stars de la F1 dont, entre autres , Emerson Fittipaldi, allèrent "cachetonner" dans cette compétition, qu'un certes encore inconnu Nikki Lauda y fit également quelques piges au tout début des années 70 et que le Team VDS belge fit quelques apparitions, hélas infructueuses, sur, entre autres, une Mc Laren.
Ces problèmes de fiabilité furent d’ailleurs semble t’il l’un des principaux handicaps au développement de cette compétition avec trop peu d’équipes aptes à assurer une maintenance suffisante de bon nombre de ces bolides surpuissants. Parmi les anecdotes savoureuses, on trouve ainsi ce pilote « privé » qui se présenta à toutes les épreuves du championnat 1973 mais sans être capable d’amener une seule fois sa March 717 jusqu’à la grille de départ tellement il fut systématiquement accablé de problèmes lors des essais. On découvre aussi cette équipe qui dut laisser son auto dans le semi remorque car ayant oublié d’emporter les … rampes d’accès … Enfin, il y a ce tour du grand circuit du Nurburgring accompli sous et sur la … neige
par une Porsche 917 Turbo de … 1000 CV
et ce pour satisfaire un passager prestigieux, le président de la RFA himself, grand passionné de sport auto et désireux de monter à bord de ce qui était alors considéré comme le bolide à 4 roues le plus puissant au monde … Pourtant en ... slicks, le pilote évita toute sortie ce qui ne fut pas le cas des voitures chargées d'escorter le président et partant à la faute les unes après les autres ....
Cela dit, cette compétition ne fut pas qu'une succession de déboires pour des équipes trop amateurs et il y eut bien des compétitions animées par de véritables monstres issus d'une réglementation très libre qu'on imagine encore difficilement possible de nos jours*
On notera que plusieurs de ces bolides ont été reproduits chez Fly & GB Track via sa Porsche 917 Intersérie et sa Porsche 917/10 et que quelques Porsche 917/20 & 30 sont proposées chez Carrera
* dans un autre genre mais toujours en sport auto, la course de côte de Pikes Peak offre encore la possibilité de voir des engins "no limit".